Le jour le plus long
Réveil à l’aube (ah non c’est vrai que ça n’existe pas ici ! ), disons plutôt vers 9h le temps de tout replier et on décolle du camping direction Ramberg à quelques kilomètres de là (étape plus compliquée que prévu puisqu’il faut repasser les deux ponts très raides de la veille).
Seule une boutique de souvenirs est ouverte en ce dimanche : le proprio, Enrick, est aussi le responsable du point d’information pour les touristes du coin, et nous donne donc quelques conseils en français sur le futur de notre parcours. Ancien docker à Marseille, il garde un souvenir ému des filles et du vin (comme tous les étrangers non ?). Il nous raconte fièrement qu’il téléphone depuis plusieurs jours à l’un de ses amis vivant aux Canaris pour vanter le climat exceptionnel des Lofoten actuellement. Le bougre ! Nous lui achetons une carte (routière) et des cartes (postales) avant de reprendre la route vers Flakstad : superbe plage de sable blanc en demi-lune, superbe église en bois, superbe jeune fille qui nettoie l’église !
On quitte l’E10 provisoirement pour pousser jusqu’à Nusjford : le décor est majestueux mais les 6 derniers km sont un enfer avec une route tortueuse et sinueuse digne des pentes du Mont Ventoux (j’y perds même une lentille dans l’effort). Le village est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, ce qui explique le meute de touristes s’y rendant (en voiture ou camping-car bien sûr, il n’y a que nous d’assez courageux ou idiot pour le faire à vélo) et le droit d’entrée à payer (50 NOK). La beauté du lieu a parait-il un prix…
Le café de la petite place au bord de l’eau sert de succulentes tranches de saumon qu’on dévore autour d’une bière en parlant avec un turinois immigré sur les Lofoten depuis presque vingt ans pour exercer son métier de tailleur d’argent. Il a quitté l’Italie par amour. D’une femme ? Des îles ? Sûrement un peu des deux…
Le reste de la journée a des airs de mini étape du Tour de France : une soixantaine de km fait de montées (beaucoup), descentes en mode « ça repose » (trop peu à notre goût), faux plats, vent de face, camping-cars en excès de vitesse et clou du spectacle d’un tunnel sous-marin de 1700m pour relier l’îlot suivant (la montée est tellement abrupte et l’air si humide qu’il faudra mettre pied à terre… pour la seule fois du voyage).
L’arrivée à Leknes est une délivrance même si le lieu n’a que pour seul intérêt d’offrir toutes les commodités pour se ravitailler. On dévalise le supermarché (3 boîtes de conserves, le reste est trop cher) puis nous puisons dans nos réserves pour faire 10 nouveaux kilomètres et atteindre Ballstad. Ereintés, un bout de pelouse de rorbuer (les maisons traditionnelles de pêcheurs que les touristes louent à prix fort) sera notre tombeau (oui je dramatise un peu).
Balade à pieds dans le village désert (un horrible hangar à poissons vaguement décoré casse tout le charme du port) puis douche et festin (saucisson, riz, gruyère) avant de filer au lit. Heureusement les prochains jours seront plus cléments niveau vélo…